Le célibat géographique

L'armée compte environ 11% de militaires en position de célibataire géo. Ceux ci, souvent pour des raisons multiples ( travail de l'épouse, scolarité des enfants, brieveté de la mutation ou annonce tardive...) choisissent ce mode de vie.

Onze pour cent? Cela semble peu aux oreilles de nombre de nos militaires. il faut dire que les ressources humaines rappelent qu'un militaire connaitra cette situation au moins une fois dans sa carrière.

Mais derrière ce terme qui ressemble à une inconnue pour beaucoup de non-initiés, il y a la solitude et le dénuement de chacun des partenaires du couple.

Solitude du mari ( plus souvent que l'épouse ) qui est parti au loin... qui, les jours de semaine, en profite pour allonger ses horaires de travail avant de retrouver une chambrée quelque peu spartiate dans un cercle, ou une garnison...

Solitude de l'épouse qui rejoint son foyer le soir et en assume au mieux toutes les tâches...ménagères, administratives et, bien sur, familiales concernant les enfants.

Dénuement affectif bien sûr car, quel couple s'est dit "oui" pour une vie où le quotidien est celui de l'absence de l'autre? Majoré par celles et ceux qui, eux, ne mesurent pas la chance de se retrouver tous les soirs.

Dénuement matériel également car qui prendra le relais en cas d'accident de la maman?... de maladies? Qui l'aidera à porter les packs de 6 L d'eau? Qui sera là lorsque, exténuée, elle craquera devant la énième otite du petit dernier? 

Quelques unes de mes amies de promo et moi-même sommes ou avons été confrontées à ce problème insoluble.
 Travaillant une dizaine d'heures par jour, souvent plus de sept jours d'affilée, sans RTT, sans mi-temps possibles, sans arrêt non plus ( car un médecin attend une raison factuelle pour aller travailler - un chifre sur le thermomètre, un platre, une anomalie biologique...), comment ne pas se sentir submergée par cette situation?

Ma thèse ne portait pas tout à fait là dessus mais, au fil de mes recherches, je suis tombée sur cet article qui met en garde sur nos situations. Le chef d'escadron Barbry décrit cette notion et la synthétise de manière rigoureuse:
http://www.college.interarmees.defense.gouv.fr/IMG/pdf/BARBRY_CES_D6_article_Tribune_v4-2.pdf



Il n'est peut être pas possible d'améliorer le système mais il serait de bon ton d'intégrer les répercussions psychologiques importantes à court, moyen et long terme du célibat géographique. Il faut un minimum de stabilité pour un couple, pour une famille car si la fragiilité perdure, son avenir en est menacé.

Personne ne s'accomode de ne pas partager le quotidien avec les êtres qui lui sont les plus chers.