Une nuit au Val
Je vous raconte...
J'étais de garde hier...début de soirée calme très calme...pas un chat.
Mais ce n'était que le silence avant la tempête...
Premier acte...
En une heure sont arrivés : un toxicomane qui voulait de la morphine, un homme qui me faisait un tableau d'infarctus et une vieille dame avec une bonne douleur dans les reins.
Bilan des courses, j'ai mis trois heures pour caser tout ce beau monde, prendre les constantes, piquer les bilans, appeler le brancardier...
Bien sur, le toxicomane m'a simulé une perte de connaissance brutale en semi-coma pour lequel j'ai du appeler le réanimateur en catastrophe ( d'autant qu'au même moment, j'avais les deux autres à gérer). Seule pour le surveiller ( à part l'officier de permanence qui a bien voulu m'aider )...il aurait pu être agressif voire en crise clastique pour pouvoir se procurer de la morphine. Et là, cela aurait pu être dangereux.
Finalement, il a réussi à nous quitter après qu'on ait prétendu lui avoir injecté ce qu'il voulait et l'avoir convaincu de voir son médecin traitant ( de l'art de refiler la patate chaude entre médecins)
La douleur thoracique, heureusement, a eu des examens rassurants et est reparti sur ses deux pieds avec un diagnostic de probable reflux gastro oesophagien.
Et finalement c'est la petite mamie, toute gentille, qui ne demandait rien, qu'on a gardé...
Deuxième acte...
J'attends un VIP jusqu'à minuit ( place réservée dans le service et tout et tout). I
l ne vient pas malgré tout le branle-bas de combat qu'il a provoqué chez les chefs de service. Je me couche...j'essaye de m'endormir.
Une heure du matin, fausse alerte, un SAMU est arrivé mais il n'était pas dedans. Je me recouche.
Une heure et trente, on me rappelle pour m'expliquer que les pompiers l'ont amené ailleurs. Je ferme les yeux.
Une heure quarante : une infirmière m'appelle pour gérer les posologies d'un pousse-seringue d'héparine. J'essaye de m'endormir vraiment.
Trois heures, les civils de la guérite m'appellent parce qu'une ambulance a amené une petite dame et ils ne savent pas où elle doit aller. A ce que je sache, je ne suis pas médecin régulateur ni administratif...
Finalement, ils n'avaient pas bien lu le papier et le nom du service était mentionné depuis le début. Je réessaye de m'endormir.
Six heures trente, l'infmière me rappelle pour me donner les résultats de la coagulation du patient sous héparine. Je comate.
Sept heures, portes qui claquent...j'essaye de me réveiller avec un bon café.
Huit heures, je rends compte de ma nuit au médecin chef adjoint et lui suggère qu'il serait judicieux que les infirmières aient des protocoles à qui se fier plutôt que de réveiller le médecin de garde pour lui communiquer des résultats qui sont normaux et également lje resouligne que la guérite n'a pas géré la régulation avec l'officier de permanence, comme cela est stipulé sur les notes de service.
Résultat : un général porte ses feuilles de chêne et ne bouge pas. De toute façon, les deux galons, ils sont là pour se taire et se mettre au garde à vous.
Troisième acte et conclusion :
Je rentre chez nous, retrouve ma douce Grande Chocoltaine qui a toujours le sourire et je conclus devant tout ce que j'ai pu vivre ( à noter, que cette affiche se trouve dans le boxe de déchoquage du service des urgences de sainte Anne - le meilleur ! ;-) )